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Musiques du monde - De la lumière, des embrouilles et un envol atlantique avec Crimi et Laure Briard

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Funk, raï, chansons siciliennes et bossa nova. Crimi, c’est une affaire de soul qui ruisselle, une certaine idée du groove qui suinte, à la manière des productions du raï poreux de toutes les influences ou du funk poisseux de La Nouvelle-Orléans, sans gommer les passages moins pied au plancher, du style plus mélancoliques. Crimi, c’est avant tout une histoire personnelle, celle d’un gamin grandi à Lyon dont la grand-mère sicilienne fredonnait des airs immémoriaux. Ce sillon, le saxophoniste et chanteur Julien Lesuisse fertilise dans cette formule qu’il aime baptiser soul de Sicile. Voilà pourquoi on ne sera guère surpris d’entendre ici des modes orientaux, un lyrisme à fleur de voix qui renvoie à sa fréquentation du terreau oranais avec Mazalda. Crimi, c’est aussi une volonté de refaire vibrer la tradition à travers des chansons originales, des mélodies bien troussées, portées par un son de groupe, du genre sans étiquète. Tous au diapason de cette bande-son tradi-moderne, tout à la fois très codée et très libre. Crimi, c’est désormais Luci e guai, premier album chez Airfono en mars 2021. Lumière et embrouilles, ce titre a valeur programmatique, comme pour dire que rien n’est jamais aussi simple qu’il n’y paraît, en paroles comme en musique. Autrement dit la trame parfaite pour relier tous les fils qui tissent la complexité d’une personnalité, du jazz à la chanson, d’avant-hier à demain, d’ici comme d’ailleurs. Une voix haut perchée qui grimpe au ciel, une guitare qui dessine de curieuses arabesques, une rythmique qui arrime les mélodies à la terre… Bienvenue à Crimi, un drôle de combo imaginé par Julien Lesuisse, sideman bien connu des musiques obliques (l’aventure Mazalda, la Squadra Zeus), qui prend enfin la position du frontman avec ce projet élaboré depuis trois ans. L’idée directrice : réinvestir le terroir de la chanson populaire sicilienne pour d’autant mieux réinventer à partir de cette dense matière première un répertoire original. Le cap à suivre : une certaine idée du groove qui suinte, à la manière des productions du raï poreux de toutes les influences ou du funk poisseux de La Nouvelle-Orléans, sans gommer les passages moins pied au plancher, du style plus mélancoliques. Crimi, c’est aussi une affaire de soul qui ruisselle. C’est avant tout une histoire personnelle, celle d’un gamin grandi à Lyon dont la grand-mère sicilienne fredonnait des airs immémoriaux. Le même qui, plus tard, entretiendra un rapport étroit avec les musiques d’Italie du Sud, cette terre aux racines multiples. Dans cette île que les Grecs surnommèrent la Trinacria, l’occupation quatre siècles durant par les Arabes a laissé des traces, et c’est aussi ce sillon que le saxophoniste, mutant en maître chanteur, fertilise dans cette formule qu’il aime baptiser soul de Sicile. Voilà pourquoi on ne sera guère surpris d’entendre ici des modes orientaux, tout comme on peut y déceler un écho d’aborder la mélodie tout de go, à la manière toute lyrique des chebs du raï. Sa fréquentation du terreau oranais fut d’ailleurs l’une des clefs d’entrée pour s’ouvrir la voix vers ses propres contrées. Dans Crimi, il y a la même volonté de refaire vibrer la tradition, en pliant et dépliant des airs sans âge pour les remettre au goût du jour, quitte à les réécrire, sans jamais perdre leur immuable force de caractère. Écoutez donc les deux chansons (la vicaria et la virrinedda) de Rosa Balistreri, grooveuse made in Palerme, avec lesquelles il prend des libertés sans trahir l’esprit originel.   C’est ainsi, en pensant aux tournures d’esprit "sicilien", que Julien Lesuisse a composé un répertoire de chansons originales, toutes écrites dans sa langue maternelle, traduisez celle de sa mère. "La chanson sicilienne part toujours du point de vue de celui qui chante, mais c’est aussi une poésie atemporelle qui parle à tous". C’est la force de cette tradition, des mélodies aussi simples que singulières, des petites histoires qui racontent entre les lignes la grande, ancrées dans leur terroir et ouvertes sur le monde. Lui en donne sa propre version, plus qu’une réinterprétation par procuration, une réinvention par filiation, pour se reconnecter avec ce qui fonde l’essence de la musique populaire : toucher les âmes et les pieds. Une émotion avant tout, portée par une voix qui emporte tout. Mais aussi un groupe soudé, voix et guitare "à burnes devant" comme il dit, une paire basse-batterie du genre bien gaulée. Ça groove grave, ça pulse souple, ça sonne comme un seul homme, comme quatre. À ses côtés, Julien Lesuisse peut compter sur un trio qui tricote ses propres "trucs" à partir du canevas qu’il a patiemment ficelé. C’est aussi ceux-là Crimi, une histoire de soul et de funk, jouée par des jazzmen aux pedigree qui naviguent dans le monde des musiques. À chaque seconde, le plaisir de jouer ensemble, le désir de partager avec les autres, un jeu d’aller et détours qui entend bien faire suer le public.   Après s’être rodé en concert, Crimi a publié en mars dernier (2021), un premier disque chez Airfono, label de qualité qui abrite quelques beaux objets sonores, de Mazalda au Naoned de Maxime Delpierre, de Fabrizio Rat au Magnetic Ensemble, autant de projets qui défient l’inertie des plombantes catégories. Luci e guai du combo s’inscrit dans ce sillon. Ce titre a valeur programmatique. "Lumière et embrouilles", comme pour dire que rien n’est jamais aussi simple qu’il n’y paraît. Les chansons d’amour ont ici le parfum doux-amer de l’ambiguïté, rien n’est jamais tout à fait clair dans la manière de décrire le quotidien en mode sicilien, des sentences proverbiales et des sens cachés, qui rappellent l’âpreté de la vie sous ce soleil de plomb. Comme une lumière noire, apaisante et puis troublante, qui irradie et projette des éclats d’âme, ondulation de fréquences qui oscillent entre le plus extraverti et le très profond. C’est ce mélange subtil de sophistication et d’art brut qui affleure au gré de cette bande son tradi-moderne, tout à la fois très codée et très libre, du funk bien balancé qui se fait plus érudit, l’air de rien.   Ici, un accent tonique surprend l’attention, là une rythmique suspend l’écoute. L’efficacité peut rimer avec subtilité, dès lors qu’on choisit de se placer pas tout à fait dans la ligne, plutôt dans ces marges qui tiennent la page. Cette page enfin noircie, gravée dans la cire, c’est ce nouveau chapitre dans la carrière de Julien Lesuisse, un disque bien ficelé sans être pour autant facile, juste la trame parfaite pour relier tous les fils qui tissent la complexité d’une personnalité, du jazz à la chanson, d’ici et d’ailleurs. Jacques Denis.     Pour le clip Chi Si Talia, Julien Lesuisse a fait appel à Tangui le Cras (le film "Je ne veux pas être paysan"), réalisateur de documentaires, qui partage avec Julien cette histoire de langue tue par les anciens : le breton pour Tangui, le sicilien pour Julien. Titres diffusés de Crimi, extrait de l’album Luci e Guai Mano d’Oro La Virrinedda  Chi Si Talia voir le clip  La Vicaria  Puis Laure Briard sort sa guitare pour présenter son nouvel EP Eu Voo (Midnight Special / Believe)   Deux ans après Coração Louco, son premier EP en portugais enregistré au Brésil, Laure Briard continue l’aventure avec les Boogarins, et sort l’EP Eu Voo, le 19 février 2021, chez Midnight Special Records. En 2017, l’autrice-compositrice rencontre la formation brésilienne au festival SXSW. S’ensuivent une tournée au Texas et au Mexique, ainsi que le début d’une grande amitié. Cinq mois après cette rencontre déterminante, Laure, déjà sensible à la musique brésilienne, se met à écrire en portugais et l’idée d’une collaboration, malgré la distance entre les deux pays, devient une évidence. Elle s’envole alors pour huit dates au Brésil pour ensuite y retourner enregistrer avec eux quelques mois plus tard. Aujourd’hui, Laure présente un nouvel EP ambitieux dans lequel elle réunit l’une des formations psych les plus en vues du moment (notamment nommés aux Latin Grammy Awards) et ses acolytes de toujours Vincent Guyot (dit "Pieuvre") et Marius Duflot au prestigieux au studio Dissenso, alors qu’une pluie tropicale vient de s’abattre sur São Paulo. Pour ce nouveau chapitre, l’autrice compositrice raconte avoir voulu aller plus loin dans les collaborations : "J’ai la chance que Dino, le chanteur des Boogarins, me propose à chaque fois des morceaux. Ici, il a écrit Passaros et sa sœur Morena na Janela. J’ai apporté un texte mystique sur ma divinité fétiche Yemanja, déesse de la mer, à l’artiste Gabriela du groupe My magical glowing Lens et une mélodie à Giovani Cidreira. Ces deux titres respectifs, Super Trama et Respire ont été écrits dans un premier temps à distance et le résultat en studio fut magique. Je travaille avec Pieuvre depuis toujours et nous avons écrit ensemble Não me diz nada. J’ai composé seule Eu Voo, un titre qu’on avait déjà enregistré sur le premier EP mais sans aller jusqu’au bout par manque de temps". Comme Coração Louco, Eu Voo est conçu avec Benke Ferraz, leader des Boogarins, puis enregistré avec le reste du groupe en janvier dernier. "Il y a eu une grande cohésion avec l’équipe, tout le monde a participé aux arrangements, ils ont été pensés sur le moment sans discussions préalables". Fidèle aux questions qui habitent son imagination, Laure aborde dans ces nouvelles chansons l’intensité des émotions, les thèmes de l’amour, de la tristesse et du voyage, de la magie et de la mystique. Elle livre un EP raffiné, inspiré par le tropicalisme de Gal Costa et le groove de Novos Baianos. Voir le clip Eu Voo. Titres diffusés + Live RFI de Laure Briard Morena na Janela (extrait de l’album Eu Voo) Tomada de Decisão Live RFI Laure Briard (extrait de l’album Coração Louco)  Son Mathias Taylor Não me diz Nada (extrait de l’album Eu Voo)  

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